Titre |
KEDMA
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Générique |
Réalisation
: Mise en scène : Amos GitaÏ
Scénario : Amos Gitaï et Marie-Josée Sanselme
Image : Yorgos Arvanitis
Musique : David Darling, Manfred Eicher
Interprêtes principaux : Andrei Kashar : Janusz
Hélène Yavalova : Rosa
Yussef Abu Warda : Youssouf
Juliano Merr : Menahem
Roman Hazanowski : Roman |
Auteur |
Né en 1950 à Haïfa, Amos Gitaï est un réalisateur israélien engagé dans la gauche intellectuelle. Il a d’abord étudié l’architecture aux USA, puis a réalisé une trentaine de films documentaires et de fiction qui mettent en scène la fracture de la société israélienne d’aujourd’hui. Ses film les plus connus en France sont Devarim (1995), Yom yom (1998), Kadosh (1999), Kippour (2000), Eden (2001). |
Résumé |
7 mai 1948 : le “Kedma” (“vers l’Est”), un vieux cargo tout rouillé, fait route vers la Palestine. A son bord, sont entassés quelques centaines de survivants de la Shoah. Parmi eux, Rosa la Russe, Janusz le Polonais, Roman, rescapé d’un ghetto, Menahem, jeune Juif religieux fou de rage et prêt à en découdre... A peine débarqués, pourchassés par des soldats britanniques, ils s’enfuient dans les collines où ils croisent des Arabes, poursuivis, eux, par des Juifs. Les immigrants épuisés sont bientôt enrôlés par les soldats du Palmach, l’armée secrète juive. Chacun reçoit un fusil et a pour mission de participer au combat : il faut ouvrir la route de Jérusalem, assiégée par les Arabes. A quelques pas de là, un village arabe fortifié qui barre le passage. Beaucoup seront tués au cours des combats, mais la route est libérée, le convoi peut passer... |
Analyse |
Kedma signifie “vers l’Est”, vers l’orient” (les rescapés de la Shoah vont d’Europe en Palestine), mais également “ce qui précède, ce qui est ancien”, en l’occurence les conditions de la naissance d’Israël en 1948. Parmi ces “précédents”, Amos Gitaï choisit de nous montrer une double confrontation, celle entre entre Juifs et Arabes palestiniens, mais aussi celle entre les pionniers déjà établis en Palestine en 1948 et les nouveaux arrivants juifs, rescapés d’Europe Centrale et immédiatement convertis en soldats israéliens.
Son film ressemble à un douloureux constat d’échec qu’il exprime tragiquement par deux monologues, bouleversants, qui se situent dans la dernière partie du film. Le premier est celui de Youssef, le paysan palestinien qui hurle sa colère et sa détermination ( le réalisateur lui fait dire un texte, composé dans les années 70, du poète palestinien Tawfik Zayad) : “Ici nous resterons malgré vous, comme un mur (...) et nous remplirons les rues de nos manifestations. Nous ferons des enfants révoltés, génération après génération”. Le second, un peu plus tard, inspiré par l’écrivain juif Haïm Hazez et écrit en 1946, est prononcé par Janusz, fou de douleur, qui crie son désespoir : “Du jour où nous avons été chassés de notre pays, nous sommes devenus un peuple sans histoire. Israël n’est plus un pays juif maintenant. Tout est foutu. Tout est fini”.
Françoise Lods |
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