Titre |
Sia, le rêve du python
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Générique |
Réalisation
: Réalisation : Dani Kouyaté
Adaptation et dialogues : Dani Kouyaté, d’après “La légende du Wagadu vue par Sia Yatabéré” de Moussa Diagana
Image : Robert Millié
Musique : Daniel Rousseau & Fantani Touré
Interprêtes principaux : Fatoumata Diawara : Sia Yatabéré
Hamadoun Kassogué : Kerfa le fou
Sotigui Kouyaté : Wakhané Sakho
Habib Dembélé : Le Griot Balla
Ibrahim Baba Cissé : Mamadi
Kardigué Laîco Traoré : Kaya Maghan, l’empereur |
Auteur |
Dani Kouyaté est un griot burkinabé, né en 1961, qui a fait de solides études de cinéma et d’anthropologie. Il réside à Paris. Après avoir réalisé quelques courts métrages, il s’est fait connaître par son premier long métrage “L’héritage du griot”, en 1995. Avec Sia, le rêve du python, il poursuit son adaptation cinématographique de légendes africaines et sa réflexion sur la fonction du griot. Il a obtenu pour ce second long métrage le Prix Spécial du Jury au festival Fespaco 2001 de Ouagadougou (Burkina-Faso). |
Résumé |
Le film adapte un mythe soninké lié à la fondation de l’empire pré-mandingue du Wagadu qui s’étendait du Sénégal au Niger lors de son apogée au Xème siècle de notre ère. Afin que les pluies tombent et entretiennent la richesse du pays, une jeune vierge était sacrifiée tous les deux ans au dieu Python, symbole de l’eau.
Sia, victime désignée par les prêtres, se révolte. Le guerrier Mamadi, son fiancé, part décapiter le python. Mais Sia a été violée par les prêtres, la grotte du python est vide, le sacrifice est un subterfuge. Mamadi sauve Sia, renverse l’empereur et perpétue le mythe du dieu Python pour légitimer son pouvoir. Mais c’est sans compter sur Sia qui, refusant ce mensonge, arrache les habits du pouvoir pour endosser la personnalité de Kerfa et cracher la vérité aux humains. |
Analyse |
Avec cette légende, fable métaphorique politico-religieuse, Dani Kouyaté propose en filigrane une critique des dictatures africaines et de leurs mythes fondateurs du fait des doses pernicieuses de totalitarisme qu’ils contiennent. Le mythe du dieu Python est une croyance toujours vivace chez les Soninkés qui, depuis la chute de l'empire pré-mandingue, vont d’exil en exil ; encore aujourd’hui. Ce film n’est pourtant pas un naïf manifeste politique, mais “un rêve” pour que le spectateur puisse s’approprier la métaphore.
Le rythme assez lent du film, la diction bien articulée de la tradition orale africaine, la mise en scène quasi-théâtrale avec ses nets plans fixes et frontaux et l’interprétation de Sotigui Kouyaté permettent de rapprocher cette légende du Wagadu des tragédies de la Grèce antique, porteuses de leçons universelles. L’au-delà du temps et de l’espace est souligné par les costumes dessinés par une Suissesse, ce qui ne permet pas de les identifier à une quelconque région africaine. Par touches délicates, sans trop de violence, sont abordés les thèmes du besoin populaire de se forger des héros, du lien existant entre pouvoir et mystère, de la différence entre les mondes des hommes et des femmes.
Sia, le rêve du python est une oeuvre triste car, neuf siècles après la chute des pré-Mandingues, rien n’a changé. La parole reste impuissante, et, comme Sia, les femmes du Mali et du Sénégal, à l’extrême limite de la révolte, se dénudent dans les manifestations. Toutefois, ce film ne se réduit pas à une constatation désabusée mais est rempli d’espoir, car il refuse la fatalité pour les Africains en mettant en scène le personnnage de Sia, jeune femme qui ose défier le pouvoir des anciens. |
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